Quand ils ne dorment pas, mes enfants jouent. Ils jouent pour progresser, pour développer leur motricité, éprouver leurs capacités, pour apprendre à résoudre des problèmes. Ils jouent, par envie, par curiosité. C’est un moteur infini de progrès.
Ce qui est vrai pendant la petite enfance demeure !
Jeu et pédagogie : plongée dans l’univers serious game et autre edutainment
Nous performons davantage lorsque nous trouvons du plaisir dans ce que nous faisons. C’est un fait que Bernard Charlot a théorisé : les élèves développent un rapport positif aux cours et ses enseignements, « soit lorsqu’ils portent une vue utilitariste du rôle de l’école, soit par le plaisir qu’ils ont à aller à l’école ». Et qui dit jeu… dit plaisir.
Il y a quelques semaines, j’ai utilisé le jeu pour transmettre des concepts d’intelligence collective et de prototypage à mes BTS com’. La qualité d’écoute et de participation en classe était incomparable.
Les « serious game », littéralement jeux sérieux sont des leviers pédagogiques redoutables parce qu’ils misent sur l’action et l’interaction. Les élèves sont impliqués, ils participent, ils tentent, ils sont en mouvement. Le jeu suscite des attitudes positives et rendent amusant le partage de connaissances. Surtout le jeu les pousse à coopérer. Les scénarios favorisent l’entraide et la communication pour parvenir ensemble « à l’accomplissement d’une mission » (Sauvé et coll. 2007).
Quels sont les ingrédients d'un bon jeu ?
Les conditions du succès dépendront du type de jeu que vous souhaitez créer. Roger Caillois classifie les jeux selon 4 catégories qui peuvent se combiner :
- AGON : les jeux de lutte, d’affrontement type rugby
- ALEA : le hasard, la chance > jeux de dés
- ILINX : vertige, transe, extase > grand 8
- MIMIGRY : imitation, déguisement, simulations > déguisements, jeux de rôles, théâtre…
Je dirai que le jeu doit offrir une grande variété de situations et de « crises » à résoudre, mais aussi des quêtes et des missions, les moteurs pour donner envie d’avancer.
Au fond, la structure d’intrigue est à travailler comme un bon roman avec : un état initial / un nouement / le processus de résolution / le dénouement / et l’état final.
#Advergame quand le marketing joue le jeu de l'immersion
Addictifs, captivants, immersifs, qualifiants, expérientiels, personnalisable, les jeux sont un levier puissant en marketing et communication.
Tout simplement parce que le jeu vidéo est plus impliquant que n’importe quel média. Les marques l’ont bien compris. Utiliser le jeu est une excellente idée dans le cadre d’une stratégie visant à :
- fidéliser les jeunes générations, créer de l’engagement
- collecter les précieuses datas des jeux vidéos
- améliorer son image de marque
- sensibiliser les collaborateurs
- ou encore créer une cohésion interne…
Les jeux au services des enjeux actuels
Pensée comme une extension du célèbre Monopoly, la version de l’Observatoire des inégalités invite les jeunes à réfléchir aux discriminations
Good game for children / for students. Zevent : 10 millions d’€ au profit d’action contre la faim. Les jeux vidéos représentent un nouveau moyen de lever des fonds pour les associations caritatives.
Le principe du jeu « la fresque du climat » est de rendre visible les interdépendances entre différents phénomènes du dérèglement climatique. Pendant la partie, 42 cartes composeront une grande fresque de causes et conséquences.
Les gamers sont-ils des aliens ?
Le sujet des jeux vidéo me passionne pour son côté ultra-stigmatisant (or j’aime défaire du cliché). Je remarque que bien souvent, les gamers sont taxés d’inconséquents. Ils seraient boutonneux, pas forcément lavés et alimentés. Surtout, nous leur reprochons de passer à côté de leur vie, comme si le monde du jeu en ligne était totalement déconnecté de la réalité.
Ce qui est vrai c’est ce pouvoir de sidération qu’a le jeu vidéo et qui donne l’impression que la personne est là sans l’être (« ohéééé je te parle »). C’est typiquement pour cette raison qu’on parle d’immersion. Le jeu nous emporte dans un autre monde, au sein duquel nous communiquons, nous agissons et ce nouveau milieu d’action et de projection symbolique, agit sur nous en retour. Le jeu nous déconnecte de la réalité, mais il est loin d’être déconnecté de la réalité ! Elle joue sur les mots Lucette, je vous explique mon point. ↓
Jeu et construction identitaire
Prenons la construction identitaire. Souvent dans un jeu, il faut créer son personnage, bricoler ses atouts, sa personnalité, améliorer sa parure et son level. In real life, c’est pareil ! Nous sommes aujourd’hui dans un marché de la singularisation où il faut être en forme, avoir la santé, courir des marathons et comme dans le milieu du jeu : augmenter ses capacités. Notre corporéité évolue avec le monde numérique, à moins que ce ne soit l’inverse ?
Le jeu est à l'image de la vie humaine
Dans le jeu, il s’agit de composer en continu avec des domaines de contingence, de règles et de choix. Il faut gérer ce qui est attendu, et ce qui ne l’est pas. Comme dans la vie non ? Les jeux vidéos développent des capacités adaptées au monde d’aujourd’hui. Il en est issu, il s’en inspire, ça ne peut être autrement. Le jeu pousse vers l’adaptabilité, la lutte individuelle ou collaborative face à un monde incertain (crise des valeurs, de l’écologie, des conflits à résoudre).
Alors au risque de froisser les anti-geek, sachez chers gamers et gameuses que non vous n’êtes pas des aliens et que vos jeux ne sont pas si éloignés de la réalité.
Portrait du marché
- 8 millions de streamer vont chaque mois sur Twitch
- 5.6 milliard d’€ = le marché du gaming en 2021
- 38 millions de personnes jouent aux jeux vidéos au moins occasionnellement en France
- 3 milliards de joueurs dans le monde