J’ai toujours réagi vivement aux affirmations de type « le problème c’est les réseaux sociaux » ou « les écrans les rendent écervelés ». Parce que c’est faux. Sur Twitter, le hashtag #Metoo a participé à la libération de la parole des femmes, victimes d’abus sexuels. En 2018, le mouvement français des Gilets jaunes est né et s’est en partie structuré sur Facebook. Ce réseau a aussi joué un rôle indéniable dans les Printemps Arabes. En 2019, les marches pour le climat sont devenues virales après le post Instagram de Greta Thunberg. Car oui les influenceurs engagés existent aussi, aka Thomas Wagner. Le numérique n’est pas bon ou mauvais, il est un canal de communication de masse qui apporte son lot de désespérance et de richesse.
Le problème ce n’est pas l’outil mais ce qu’on en fait
Le problème du numérique, c’est surtout l’algo qui invisibilise ceux qui pensent différemment. Nous pouvons aussi regretter les pratiques des communicants qui, en jouant avec la data, laissent le pouvoir aux indicateurs de mesure. Côté journalistique, la recherche du scandale, de la petite phrase ou le fait qu’une mauvaise nouvelle séduit mieux l’audimat (good news is no news) ne vient pas arranger l’objectivité et la qualité de nos résultats de recherche.
Notre cher web a cette ambivalence de nous proposer l’encyclopédie la plus gigantesque du monde en 300 langues, aux côtés des haters, trolls et challenges Tiktok.
Pour un numérique pertinent capable de nourrir un web libre et participatif
Et si nous défendions une forme de code de bonne conduite sur internet ? De la même manière qu’on ne jette pas ses déchets dans la rue, on ne balance pas un article à bullshit aux sources insipides, qui promet de l’info en fanfare et nous abandonne dans l’abysse du vide.
Et si on prenait le contre-pied des fake news ? Si nous faisions circuler les savoirs en défendant un contenu rationnalisé, de qualité et documenté ?
Au second semestre 2021, la publicité digitale enregistre 7 678 milliards d’euros de recettes en France.
© Oliver Wyman / SRI / UDECAM
Pour une communication durable et engagée
Arrêtons de nous épuiser à parler partout, tout le temps, de rien. Privilégions le slow content avec des contenus riches et durables, soyons authentiques, intelligents. Chaque jour, un.e français.e est exposé.e à 1200 messages publicitaires. En 2022, les vidéos représentent plus de 82 % du trafic mondial, soit 15 fois plus qu’en 2017 (Cisco). La sobriété numérique c’est aussi sortir de ce tapage médiatique. Améliorer notre expérience du web à toutes et tous pour un numérique qui défend les intérêts collectifs.
Utilisons les compétences des communicants et des annonceurs pour rendre désirable la transition énergétique. Challengeons le consommateur vers des comportements vertueux. Informons sans relâche sur les défis de demain.
Arrêtons de nous en prendre au messager pour discréditer le message
Sérieusement qui voudrait d’un horizon sans solidarités, justice sociale le tout sous 50 degrés Celsius ?… Pourtant, dans notre société individualiste, la tendance de base serait plutôt de juger et de faire le pari du techno-solutionnisme. Parler de fin du monde ça colle l’angoisse et au lieu de faire face au problème nous préférons rire des petits pas. C’est vrai, personne à l’heure actuelle ne peut se targuer d’être parfaitement exemplaire face à la crise climatique. Pourtant faire sa part, et aller tous ensemble dans le bon sens ça compte. Les écogestes contribuent à ¼ de la réduction de GES !
C’est peu mais ce n’est pas RIEN.
Quels sont les écogestes en ligne ?
75% des 4% des GES sont dues à la production du matériel et de ses infrastructures. La première chose à faire est donc de prendre soin de son équipement pour qu’il dure le plus longtemps possible..
Vous pouvez aussi optimiser la taille des documents : compression des images, choix des polices, etc. Adopter une vraie stratégie d’archivage, de recyclage des contenus. Bannir les fonctionnalités et les animations superflues, stocker localement les données, avoir un recours limité aux plugins, choisir un hébergement web vert…
Ressources
→ La Fresque du Numérique
→ Le site de l’éco communication de l’ADEME
→ Comprendre l’impact de notre consommation du numérique
→ Les câbles sous-marins d’internet
→ Impact environnemental le rapport du Shift Project
Prêt.e à propulser vos projets à impact ?
Bravo Laura pour ce manifeste très lucide. Le bon usage des outils numériques passe, entre autres, par l’éducation. Les formations universitaires des métiers du numérique ont d’ores et déjà intensifié l’apprentissage de ces bonnes pratiques dans les nouveaux programmes. Il appartient désormais aux sachants (scientifiques et communicants) de les transmettre le plus largement possible au reste de la population.
Merci Christophe pour ce commentaire chaleureux ! Je préfère faire le pari de l’engagement et des valeurs, surtout je veux proposer une communication qui réponde à la promesse faite au lecteur : être correctement informé, inciter à la réflexion, nourrir. Cela revient à nager à contre-courant des réseaux sociaux qui donnent une belle place aux contenus plutôt récréatifs et distrayants.
En tant que professionnels de la com, je suis convaincue que nous le devons à notre époque si nous voulons avoir une chance de comprendre les défis environnementaux qui nous attendent !
Et côté scientifiques et enseignants, il est clair que le partage des savoirs sera cruciale. Je donne aussi des cours depuis octobre (auprès de BTS et L3). Pour m’aider dans cette démarche j’ai rejoint le groupe « Enseignants de la Transition ». https://www.enseignantsdelatransition.org/ vous connaissez ?
Bonne journée !